Samedi à Bayonne, Alejandro Marcos a étalé sa classe naturelle et brillé. Thomas Dufau a proposé une faena douce et reposée.
Morenito dédia le toro d’ouverture aux cinq autres « d’jeuns » de la soirée ; Ovation au 4ème picador, Alberto Sandoval et au lancier Gustavo Martos.
Trois toros de Fraile de Valdefresno (1, 4 et 5 : 544, 562 et 565 kg),
le restant du Comte de Mayalde (563, 546 et 552).
Morenito de Aranda : silence
Thomas Dufau : une oreille
Tomas Campos : salut au tiers
Alejandro Marcos : une oreille
Jesus Colombo : une oreille
Diego Carretero : une oreille
De belles statures, des embouts abîmés, de la noblesse unanime mais un manque de punch et de personnalité chez la plupart. 11 piques.
Ouvrons le ban à « Puerta gayola » Morenito de Aranda (Château Tour Maillet 2 008 et noir), opposé à un toro dénué de vivacité offensive. Du style bloc de marbre. Une ou deux naturelles pour tenter de sauver le mobilier et quatre jets de sabre en guise de fin. De quoi être déçu par sa seule cartouche de la soirée.
Suivons avec Thomas Dufau (Bleu blazer de ministre et or) qui fête ses noces d’étain de matador et brinde à Bernard Vargues, son ostéopathe comme il le fut de César Rincon et tant d’autres. Un grand Monsieur, homme de soins et de bien à l’image du franc et noble toro de Mayalde auquel Dufau coupera une oreille suite à une faena douce et reposée sur le flanc gauche.
Tomas Campos (Azur de Prusse et or) a des doigts de soie et des poignets en velours de Gênes. Tout ne fut hélas que vaines caresses tant fade et mollasson s’avéra le troisième bestiau, tombé d’une moitié de fleuret à la mode de Lagartijo. Quelle toreria mes amis !
Quand la classe naturelle se mélange à l’élégance d’un corps né pour n’être que torero, nous voici en présence d’Alejandro Marcos (mauve sans guimauve et or). Ce garçon attire l’œil par sa présence en piste, rien n’est exploité, vendu, marchandé. De sa démarche à ses muletazos en parfaite symbiose de tous ses gestes si simples et si vrais.
Quelle toreria mes amis !
Jesus Enrique Colombo (bleu de son drapeau vénézuélien) allume le feu avec les « palitroques », synonyme de banderilles et harpons. La faena baisse un peu de ton, le latino s’escrimant à toréer où le cinquième toro ne voulait pas. De l’avoir laissé aller filer dans son terrain de jeu, sa « querencia », eut sans doute permis de mieux exploiter ce filon de généreuses charges.
En revanche et à elle seule, l’estocade à trucider tous les bœufs de Rungis, valait bien le trophée que balada Colombo.
Fermant la marche de ce sextet, et après trois heures de spectacle, Diego Carretero (blanc des frigos et or), auteur d’une superbe série de derechazos, citant de loin l’ultime Mayalde. Là aussi une épée de Croisades, l’Excalibur de la soirée.
Plus de 3/4 de jauge. 19°8, à la nuit tombée. Sortons couvert.