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JCA  Bayonne

JCA Bayonne

Journal d'humeur d'un randonneur bayonnais

Publié par JCA

Tiré d'un extrait partiel d'un article du Point n° 2693

La France continue à asseoir sa posture stratégique sur un statut de puissance d'équilibre qui n'a plus de sens aujourd'hui.

Les armées françaises ne sont ni équipées ni entraînées pour la guerre des drones, qui domine tous les conflits modernes. Les véhicules jaguar ont été bridés pour des raisons de sécurité au cours de l'exercice Orion, ce qui a réduit considérablement leurs performances. L'acquisition de matériels aux Etats-Unis mobilisant des technologies uniques ou répondant à des besoins urgents est privée d'effet par le refus de la DGA de reconnaître les certifications américaines. Autre aberration, Ia cyberguerre est soumise aux normes civiles.

Points forts et faiblesses.
L'exubérance irrationnelle de la réglementation n'est pas moins présente dans I'Union avec la volonté d'étendre aux armées le droit social, les règles de la commande publique, les normes civiles de circulation des véhicules ou des navires ou encore les critères ESG avec le projet de taxonomie qui assimile l'industrie de défense à la pornographie et aux jeux d'argent et interdit son financement par les banques et les assurances.
Autre faiblesse, la professionnalisation a coupé les armées de la nation, provoquant l'extinction de l'esprit de défense. Les déserts militaires se sont multipliés sur le territoire national. Le fossé s'est creusé entre les militaires opérant essentiellement hors des frontières- à l'exception de l'opération Sentinelle - et les citoyens d'une nation archipélisée. L'image des armées reste excellente. Mais les Français ne comprennent plus ni les enjeux ni la nécessité de s'engager dans leur sécurité, alors même que l'Ukraine démontre qu'il n'est pas de défense qui ne
soit adossée à la mobilisation de la nation. Le fossé est tout aussi profond avec nos partenaires européens, dont la méfiance envers les projets français d'Europe de la défense ou d'autonomie stratégique ne cesse de se renforcer. Plus que jamais, ils misent tout sur l'Otan, avec l'espoir vain qu'un alignement total sur les Etats-Unis permettra d'amadouer Donald Trumpet de le dissuader de faire imploser l'alliance. C'est tout particulièrement la ligne de l' Allemagne, qui conçoit son réarmement comme la construction de la principale plateforme de I' Otan en Europe à l'horizon 2030.Nous nous devons de préparer la guerre avec les empires autoritaires - Russie en tête - si nous voulons l'éviter. Il convient d'acter le retrait d'Afrique, sans pour autant limiter la défense de la France au territoire national, puisqu'elle implique la protection des infrastructures essentielles dont nous dépendons, des routes maritimes aux câbles sous-marins en passant par l'accès à l'espace. Enfin, il est essentiel de rappeler que notre pays, pour n'avoir pas succombé aux illusions de la fin de l'Histoire, dispose d'atouts majeurs pour réaliser la modernisation de son système de défense: une armée d'emploi disposant d'une expérience étendue du combat, un excellent capital humain, le sens et le goût du service de l'Etat, que les armées sont la dernière administration à cultiver, des compétences rares -parfois au meilleur niveau mondial, comme dans les opérations subaquatiques-, une base industrielle disposant de points forts dans l'aérien et le maritime, qui peut être redéveloppée pour devenir un puissant levier de croissance.

Nucléaire, blindés...les urgences.
La première urgence consiste à réarticuler la dissuasion nucléaire à la manoeuvre conventionnelle. Face à une Russie qui utilise le nucléaire pour sanctuariser l'agression des Etats voisins et terroriser les Européens, compte tenu de la certitude de l'affaiblissement de l'Otan et de la possibilité d'un retrait brutal des Etats-Unis, la réintroduction d'armes nucléaires tactiques dans I'arsenal français devrait être mise à l'étude.

Coopération. 
Des soldats français et polonais participent à un exercice militaire conjoint avec les forces armées de plusieurs pays de l'0tan sur la Vistule, à Korzeniewo, en Pologne, le 4 mars.
Elle serait un signal très clair adressé à Moscou comme un moyen de protéger nos forces et de renforcer la dissuasion en couvrant tout le spectre d'une éventuelle escalade. Les cibles fixées par la loi de programmation militaire en matière de blindés, d'artillerie, d'avions et de bâtiments de combat doivent être rehaussées pour disposer d'au moins deux divisions blindées en 2030 et mettre l'accent sur les systèmes permettant de casser les stratégies de déni d'action, à l'image des sous-marins nucléaires d'attaque. Des programmes d'urgence ont par ailleurs vocation à être engagés pour combler le retard accumulé au niveau des drones et reconstituer les stocks de rechange et de munitions.

Pour un commissaire européen à la Défense. 
Le durcissement des forces conventionnelles devrait être couplé au renouveau de l'esprit de défense par le rétablissement du service militaire pour une durée de un an, en s'inspirant de la Suède. L'objectif consisterait à créer des unités légères de 50000 hommes, qui seraient déployées sur l'ensemble du territoire national avec pour mission d'assurer sa défense. Les meilleurs et les plus motivés des appelés se verraient proposer un contrat d'engagement. Deuxième priorité : enclencher la remontée en puissance de l'industrie de défense, relocaliser les productions stratégiques, comme les munitions ou les armes légères, et combler le retard abyssal et inexcusable pris sur le plan des drones. Tout cela implique une double révolution des pouvoirs publics. Du côté de l'Etat, il est impératif de passer des commandes de long terme, sans lesquelles les industriels ne peuvent ni investir dans de nouvelles capacités, ni abandonner la priorité donnée aux exportations, tout en débureaucratisant la DGA. Du côté de l'Union européenne, la nouvelle Commission devrait comprendre un commissaire à la Défense qui aurait pour mission de réorienter vers l'armement une partie des fonds du plan de relance de 750 milliards d'euros, qui n'ont été consommés qu'à hauteur de 25%, et de placer le secteur de la défense hors du champ des normes ESG, du devoir de vigilance ou de la taxonomie.